La réédition des mémoires d’un général méconnu d’Hitler
On connait mal en France la carrière et l’itinéraire d’Albert Kesselring, général d’Hitler, qui s’illustra pourtant de façon efficace dans la défense de l’Italie en 1943-45, ce qui l’amena à affronter le corps expéditionnaire français du général Juin. Kesselring écrivit ses mémoires en prison, en attente d’un procès où il échappa de peu à la peine de mort. Ses mémoires avaient été éditées en français dans les années 60 et n’étaient plus disponibles depuis. L’historien Benoit Rondeau, auteur d’Être soldat de Hitler (Perrin, 2019), en a coordonné l’édition scientifique.
Un témoignage partial et de premier ordre
Comme tous les ouvrages publiés par les généraux allemands après 1945, Kesselring peint une armée allemande propre, qui a fait son devoir. Il oublie les crimes perpétrés de 1939 à 1945, oublie ceux qu’il a couvert en Afrique du Nord ou en Italie, ne mentionne pas les cours volantes qu’il a fait circuler à partir du moment où il fut commandant en chef du front occidental en mars 1945. Et la Shoah… Bref. Par contre, c’est un témoignage intéressant lorsque sont abordés la question du moral de l’armée ou les circonstances de l’attentat de Stauffenberg : les soldats voient cet attentat comme une trahison, y compris les plus hostiles à Hitler.
À lire
Sylvain Bonnet
Albert Kesselring, Mémoires – soldat jusqu’au dernier jour, traduit de l’allemand par Jean-François-Adolphe Goutard, Perrin, mai 2021, 416 pages, 25 €