Un homme qui a tous les talents
Journaliste, officier de réserve et historien, Pierre Servent intervient régulièrement sur les plateaux de BFM et de LCI comme consultant. Il est aussi l’auteur d’ouvrages historiques : citons un essai, Cinquante nuances de guerre (Robert Laffont, 2018), une biographie passionnante de Rudolf Hess (Perrin,) et un De Gaulle et Pétain (Perrin, 2020) très alerte. Ici il s’intéresse à la vie d’un compagnon de la Libération inconnu du grand public, Adrien Conus.
Un aventurier
Descendant d’un français émigré en Russie après la chute de Napoléon, Adrien Conus (1900-1947) est un russe blanc dont la famille arrive (ou revient) en France après la révolution d’Octobre. Ingénieur, Conus part en Afrique où il fait les 400 coups : on le voit guide de chasse, trafiquant d’ivoire. Conus décide de rejoindre la France libre après les défaites de mai-juin 1940. Soldat courageux et inventif (il répare les moteurs, camoufle les véhicules), il participe à la bataille de Bir Hakeim avant d’être recruté par les services secrets du BCRA. Parachuté dans le Vercors, il est capturé par les allemands et manque d’y laisser sa peau…
Un soldat perdu
Après 1945, on le retrouve en Indochine et y forme un commando. Efficace (trop peut-être), engagé dans la « pacification », sulfureux à cause de liens avec la pègre locale, le commando est dissous et Conus, nouveau capitaine Conan, est renvoyé en métropole. Il meurt peu après des maladies contractées en Asie du Sud-est. Son destin avait déjà inspiré Joseph Kessel, il méritait bien d’être raconté : Pierre Servent s’acquitte fort bien de cette tâche.
Sylvain Bonnet
Pierre Servent, Les 7 vies d’Adrien Conus, Perrin, juin 2022, 368 pages, 23 euros