Guillotinées, destins tragiques

Femmes sous la Révolution

La Révolution française apporta beaucoup d’espoirs et suscita des rêves, y compris aux femmes qui rêvèrent d’égalité et de droits nouveaux, sans pour autant leur accorder le droit de vote. Elle fut aussi parfois misogyne si on songe aux destins de certaines d’entre elles, les plus connues bien sûr : Marie-Antoinette, Madame du Barry, Manon Roland et Olympe de Gouges. Cécile Berly, historienne et auteure des Femmes de Louis XV (Perrin, 2018), a choisi de raconter leurs derniers jours de leur arrestation à leur exécution.

Celles que la Révolution détestait

Les révolutionnaires de 1793 les détestaient mais, à vrai dire, pour quelles raisons ? Marie-Antoinette, depuis les débuts du règne de Louis XVI, par son comportement et ses maladresses, attirait sur elle l’opprobre. On l’accusa de tout, des pires débauches et ce jusqu’à son procès. Elle avait aussi commis l’erreur de conspirer avec les puissances étrangères. Ce n’est pas le cas de Madame du Barry mais cette dernière symbolisait le libertinage de la cour de Louis XV et son parcours devait susciter pas mal de jalousies, de rancœur et d’envie. Manon Roland et Olympe de Gouges sont, quant à elles, des femmes intelligentes, politiques : elles se mêlent de choses interdites, pour paraphraser l’esprit de ce temps, à leur sexe…

Face à la mort

Chacune subit son procès, fait face aux injures. Madame du Barry est la plus émouvante car elle est la seule à ne pas croire à sa condamnation qui, lorsqu’elle est prononcée, la plonge dans le désespoir le plus total. Marie-Antoinette en impose par sa dignité. Il en est de même pour Manon Roland qui affronte son destin avec le sourire, comme une romaine (l’époque adore ce genre de comparaison). Olympe de Gouges se déclare enceinte, ce qui est censée lui accorder un sursis, mais la haine des jacobins est telle qu’ils la font quand même exécuter…

Quatre femmes, quatre destins identiques, quatre traces dans l’histoire. L’auteur de ces lignes avoue sa fascination envers Manon Roland, à laquelle Cécile Berly consacre de très belles pages. Excellent ouvrage.

Sylvain Bonnet

Cécile Berly, Guillotinées, Passés composés, février 2023, 176 pages, 18 euros

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.